Michael Prætorius
Dans une étable obscure est un chant de Noël traditionnel qui utilise une mélodie venue de Trèves, en Allemagne, au début du XVIème siècle. La mélodie est arrangée pour chœur à 4 voix par l'organiste Michael Prætorius (1571-1621), qui a publié les deux premiers couplets dans « Musæ Sioniæ » en 1609.
Les paroles les plus populaires de cette mélodie au niveau international sont les traductions directes du poème Es ist ein Ros entsprungen, écrit par le moine allemand Conradus en 1587. Le poème a été publié comme une chanson avec cette mélodie pour la première fois en 1599, près de 100 ans après la composition de la mélodie, et 12 ans après la rédaction du poème. La source la plus ancienne collectée se trouve dans le « Speyerer Gesangbuch », un hymnaire des Jésuites de Spire publié en 1599. Il comporte 23 couplets, décrivant l'histoire sainte depuis l'annonce du salut dans le livre d'Isaïe jusqu'à l'arrivée des trois Rois Mages dans les Evangiles.
Augustin Mahot a écrit des paroles différentes en français pour la mélodie, qui ne sont pas une traduction du poème Es ist ein Ros entsprungen (un titre traduit littéralement se rapprocherait de « Une rose a éclos »). Dans le monde francophone, cette chanson est presque toujours chantée avec les paroles d'Augustin Mahot, et les traductions françaises du poème Es ist ein Ros entsprungen sont rarement utilisées. Dans d'autres pays la chanson est presque toujours chantée avec traductions presque directes du poème Es ist ein Ros entsprungen. La version anglaise la plus courante, Lo, How a Rose E'er Blooming, est une traduction réalisée par Theodore Baker en 1894. Le texte d'Augustin Mahot a également été traduit en anglais et quelques autres langues.
Michael Schultze, ou Schultheiss (Prætorius étant la latinisation de son nom), est né à Creuzburg an der Werra, en Thuringe, dans le centre de l'Allemagne, le 15 février 1571. Après des études de musique, il devient organiste à Francfort en 1587. Après avoir été maître de chapelle (Kapellmeister) à Lunebourg, il devient, en 1592 ou 1593, secrétaire du duc Henri-Jules de Brunswick-Wolfenbüttel à la cour de Wolfenbüttel, où il est aussi organiste, puis nommé Kapellmeister en 1604. À partir de 1613, il est également au service de Jean-Georges Ier, prince-électeur de Saxe, à la cour de Dresde, où il est responsable de la musique des festivités.
Prætorius est considéré comme l'un des meilleurs compositeurs luthériens, et il a laissé une œuvre considérable : pour la seule musique religieuse, il compose plus de mille pièces vocales et instrumentales, dont certaines figurent toujours dans les recueils de cantiques protestants. De plus, Prætorius transcrit de nombreuses œuvres dites « populaires » ou « traditionnelles » car issues du folklore allemand. Il a également publié, en 1612, Terpsichore musarum (dans la mythologie grecque antique, Terpsichore est la muse de la danse), un imposant recueil de 300 compositions associées à la danse, qui constitue son plus important legs de musique profane.
Ses compositions sacrées sont largement inspirées par la musique italienne, plus particulièrement par l'école vénitienne, mais également par son jeune contemporain allemand Heinrich Schütz, avec qui il collabore à la cour de Dresde. Il emprunte à l'école vénitienne la forme du grand motet à double chœur avec accompagnement de cuivres, qu'il emploie régulièrement pendant sa carrière. Ses premières compositions, écrites vers 1602, sont suivies de ses Musæ Sioniæ (1605-1610) et, en 1611, d'un recueil de chants liturgiques contenant des messes, des hymnes et des Magnificat. En 1609, il signe l'arrangement d'Es ist ein' Ros' entsprungen (Dans une étable obscure), qui est aujourd'hui sa composition la plus universellement connue. L'ensemble de son œuvre et son style unique se sont transmis grâce aux centaines d'élèves qu'il forme à l'orgue et au chant au cours de sa vie.
Il est également célèbre pour avoir écrit une remarquable encyclopédie, le Syntagma musicum (1619), un traité de musique qui étudie très précisément les divers genres musicaux utilisés depuis l'Antiquité, ainsi que des instruments de musique, une somme quasi exhaustive qui est encore aujourd'hui d'un intérêt considérable.
Michael Prætorius meurt à Wolfenbüttel à l'âge exact de 50 ans, le 15 février de l'année 1621.
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