Psaume 150 – Franck

César Franck

César Franck a composé le Psaume 150 en 1883 (achevé en 1884) à Paris, sur commande de l’Institut National des Jeunes Aveugles. L’œuvre a été créée pour l’inauguration du nouvel orgue de l’Institut – un Cavaillé-Coll – le 17 mars 1883. Franck lui-même y prit part en jouant l’orgue, entouré des élèves aveugles de l’institution qui formaient le chœur et l’orchestre (tous les interprètes étaient des jeunes aveugles). La partition originale, réunissant des textes français, allemand et latin, ne parut qu’après la mort du compositeur (édition Breitkopf de 1896).

Le Psaume 150 original est écrit pour un effectif imposant : chœur mixte SATB et orchestre complet (deux pupitres de bois, cuivres, percussions, harpe, cordes) avec accompagnement d’orgue. On trouve notamment deux flûtes, deux hautbois, deux clarinettes et deux bassons ; quatre cors, deux trompettes et trois trombones ; ainsi que timbales, cymbales, harpe, et cordes (violons, alto, violoncelle, contrebasse) accompagnées de l’orgue. La durée d’exécution est brève – environ cinq minutes – ce qui explique que la diffusion de l’œuvre ait longtemps été limitée en raison de son effectif trop important pour un programme si court (une version réduite pour chœur et orgue existe pour faciliter les concerts d’église).

L’œuvre, en un seul mouvement, adopte un caractère festif et liturgique. Elle débute par une longue introduction à l’orgue, très douce et statique, qui fait « monter la louange ». Le chœur entre ensuite sur des « Alléluia » solennels, avec les voix graves d’abord à l’unisson, faisant monter l'allégresse en crescendo. Franck met ensuite en musique les versets du psaume (invitation à louer Dieu par tous les instruments) : les basses entonnent d’abord deux versets sur un rythme de choral, puis tous les pupitres imitent tour à tour les instruments cités (trompettes, flûtes, tambours, cymbales, etc.), dans un échange polyphonique qui culmine en une homophonie triomphante.

Musicalement, le Psaume 150 reflète la maturité du style de Franck. Son langage est intensément symphonique et romantique, avec une harmonie très riche et audacieuse – chromatisme prononcé, contrastes dynamiques – tandis que les motifs chantants restent lisibles et solennels. La forme est très structurée malgré la brièveté : chaque motif d’« Alléluia » est travaillé en fugato ou en choral, menant à un final éclatant et lumineux.

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