Miserere – Zelenka

Jan Dismas Zelenka

Né en bohème à Louňovice, petite ville au sud-est de Prague, Jan Dismas Zelenka est le fils d’un instituteur, chef de chœur et organiste avec qui il se familiarise avec la musique. Il étudie à Prague au collège Jésuite Klementinum, où l’on dispensait un enseignement religieux et artistique de qualité. Brillant contrebassiste, il quitte Prague en 1710 pour Dresde où il obtient un poste dans l’orchestre de la cour d’Auguste le Fort, roi de Pologne et électeur de Saxe.

Il commence réellement à composer à l’âge de 30 ans et part en 1715 étudier le contrepoint à Vienne avec le célèbre théoricien Johann Fux qui le reconnaît rapidement comme un compositeur accompli. Après un séjour à Venise où il se perfectionne avec Antonio Lotti, il revient à Dresde en 1719 qu’il ne quittera plus, mis à part quelques voyages occasionnels à Prague.

Zelenka était connu et admiré de ses contemporains ; Bach et Telemann le rencontrèrent et correspondirent avec lui, appréciant plus particulièrement deux caractéristiques de sa musique : sa science du contrepoint et son inventivité harmonique.

Le Miserere dans sa forme définitive est daté de 1738 et est plus éloignée de l’idéal formel classique qu’aucune autre oeuvre de Zelenka ; il y transcende tous les moyens stylistiques disponibles de son temps et y révèle sa personnalité farouchement créatrice à travers un langage musical innovant, profondément troublant, parfois dérangeant, même pour un auditeur d’aujourd’hui.

La pièce maîtresse de l’œuvre repose sur l’adaptation d’un ricercare à 4 voix pour orgue écrit un siècle auparavant par Girolamo Frescobaldi ; Zelenka l’a restructuré en forme de motet, procédé qui rend déjà l’œuvre singulièrement originale pour son époque.

L’œuvre semble d’ailleurs avoir déplu lors de sa toute première exécution, le 8 avril 1731 et Zelenka rajouta par la suite deux mouvements : un air pour soprano solo qui, par sa richesse mélodique, son rythme dynamique et enjoué correspondait au goût italianisant en vogue à l’époque ; puis, servant de cadre à la composition entière, un superbe choeur écrit sur les premières phrases du psaume 50 « Miserere mei Deus ».

Ce choeur, avec son caractère douloureux, d’une émotion presque violente, dut être une révolution vis-à-vis du « bon goût » de l’époque, tant les modulations harmoniques qui s’y enchainent sont dérangeantes mais rendent l’œuvre extrêmement poignante, ce que recherchait Zelenka qui attachait le plus grand respect au texte liturgique.

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